dimanche 8 décembre 2019

Vol long-courrier


A peine l'atterrissage,
déjà les mots se posent sur la distance,
à se rééquilibrer,
au milieu des turbulences encore,
ce quotidien d'hier
qui a suivi hors de contrôle,
comme un passage travaillant dans l'ombre de son homme
égaré au milieu des néons,
et pourtant qui ne peut désembarquer.

Exploration impossible de cette nouvelle réalité
il restera dans l'intermonde.

Maintenant la porte s'ouvre,
des visages différents s'affichent,
un autre bout du monde
tout près à le toucher...
Au milieu des lumières, artificielles encore,
la foule qui avance
à se retrouver dans le être ensemble...
Collés au plus près.

Toujours pareil


Toujours pareil,
où le système prend le pas
sur l'inconscient,
ce temps d'avance qu'il a sur nous,
qui nous déforme
nous impose son collectif
jusqu'à la caricature.

samedi 7 décembre 2019

Plombier à déconseiller


Comme un refus imposé de rentrer dans l'oubli
le chuchotement de l'eau
empêche le sommeil,
temporaire, inaudible d'abord,
débordant des tuyaux
au plus court vers les bas.
Le même bruit qu'on retrouve chez son homme,
et d'abord
ses précurseurs qui s'accrochent au jour quand il fait déjà nuit
au fond de sa chambre noire,
quand la lumière artificielle révèle son négatif.
En option également
un écoulement de la vie difficile à remonter,
monde obscur occupant son temps plein
jusqu'à le détruire,
lui à colmater vainement le décalage des heures,
à faire semblant peut-être,
au moins jusqu'à faire croire plus que tout.

En fait lui-même qui se reproduit,
contenant sa propre fuite en avant
jusqu'au bout de sa folie.


Mise à jour


En filigrane
les histoires se succèdent à toute vitesse
réduites à des chiffres.
Le défilement efface même jusqu'au regard,
aussi les traces du passé.
Nouvelles fonctions qui nous ajoutent
pour être plus rapides, plus vrais,
jusqu'à ne plus s'apercevoir.
Dans l'espace résiduel aussi
des temps trop longs sont extraits,
la vie remonte par intervalles,
retournant à son point de départ.
Dans le profond de l'arrachement
à vif encore
des fragments se laissent réouvrir :
..."... Hiroshima mon amour..."...
..."... Echo parlant quand bruit on mène..."...
..."...Qu'il est difficile d'être soi et de ne voir que le visible...".

Ce que  seul l'homme peut dire.

Les Misérables


C'est pendant la projection,
de l'autre côté de l'écran,
lui porte la vie en direct
avec sa caméra à l'épaule.
D'angle mort en zone interdite
le statu quo défile
pendant que dans la salle
les images dérèglent nos regards :
pour ou contre
qu'importe,
les misérables sont nous tous
avec leurs vérités
qu'il faut se dire,
si c'est encore possible...
Mais comme bien souvent
la fin vient avant;
Déjà là,
quelque part dans l'escalier
les hommes se placent dans la tentation d'écrire l'avenir,
un face à face mortel.
Impossible de dire,
notre seule assurance est celle de la fatalité,
à notre place
le destin qui peut parler ou pas.

Alors après l'obscurité
on se quitte
chacun
avec l'impossibilité de dépasser sa propre vision,
comprendre les autres
et par là-même se comprendre aussi.
Personne ne sait plus.

Commencement...


Commencement et fin du monde en même temps,
le proche et le lointain,
se connaître sans se reconnaître,
l'équation espace/temps nous affiche d'être là,
des variables sur lesquelles chacun s'ajuste.
Son résultat jusqu'à nous convaincre.

Station de surface


Ici même,
à extraire la matière brute,
la travailler a minima sur place
faisant venir la vie à notre rencontre.

I.M.F.P.


Tu cherchais dans  le passage,
maintenant tu regardes ailleurs.
Quelque part
entre ici et toutes ces décennies
le destin s'est joué,
des vies se sont séparées,
une des deux n'est pas revenue.
Toi ou ton reflet,
lequel est resté de l'autre côté du miroir,
tu ne peux le dire ?
Aucun signe distinctif,
comment se reconnaître,
le deuil fait si bien son travail ?
Reste une silhouette d'homme,
une route de campagne qui part au loin,
lui ou son autre,
quelle importance l'identité.
Le cours du temps a emporté toutes les traces,
même les lieux ont changé,
la végétation a repoussé par dessus
donnant d'autres formes
une vie différente.