dimanche 26 avril 2020

Service minimum


Service minimum qui nous paralyse
la vérité vient comme un état second seulement,
là où l'évidence se projette
à la manière d'un film plein écran.
Au montage final les rushs les flashs
et aussi les regrets ont disparu :
une vie chez soi-même
où on devient chaque jour
un résident de plus en plus secondaire.

Réchauffé


Sur un air de déjà vu
la musique quotidienne nous empoisonne,
trop facile
le désaccord parfait.
Alors maintenant cette maladie du dehors
est comme un moindre mal,
un no man's land à traverser,
il suffit de retenir sa respiration un moment
pour effacer ses dernières traces.
Plus loin c'est déjà demain
revivre
vacciné par l'oubli
jamais immunisé complètement

Cuisine interne


Dans l'ombre
l'antidote se fabrique,
seul,
par dérogation de nous-mêmes :
une impasse,
où abandonner cette part d'aveugle,
qu'elle s'y perde,
et aussi la maladie qui l'accompagne.

Double récit


Une trop bruyante solitude :
c'est une histoire dans laquelle tu n'arrives pas à rentrer
ni à sortir non plus,
alors tu poses ta vie par-dessus.
Entre les lignes tu intercales des pensées
plus loin tu passes en diagonale,
quelques étincelles aux aiguillages  :
le sens change ou pas,
sans relâchement
c'est comme une course-poursuite après la vie
jusqu'au bout d'elle-même
sans pouvoir la rattraper.


Exploration


Des voies que tu suis
parallèles
juste un coin d'obscur se dégage
et qui te répond
moitié langage des signes
moitié langage du corps
aussi  détournant le regard
un double que tu rappelles.
Tu l'aperçois à peine,
le sauvage,
déjà il a disparu.





vendredi 17 avril 2020

Fin de la saison 1


La normalité fait sa mue
change de visage,
désormais réduite à son minimum :
blocage complet,
sans parole
ou rien de lisible.
En surface, l'incompréhension gouverne,
état d'abrutissement généralisé
qui appelle une aggravation de la maladie.

Le dénominateur commun est encore ailleurs,
en cours de réduction,
certainement cette suite qui s'annonce
sous la forme d'une abstraction,
à réussir à tout prix,
surtout son plus difficile :
qu'elle sente le sentiment,
l'amour pas la guerre.

That is the question


Y a bon pangolin
ou y a pas bon pangolin ?
That is the question.
Patient zéro
ou apprenti sorcier,
au choix
pour une ultime configuration.
Tant pis si la formule magique n'a pas fonctionné,
l'important est que le fond rejoigne la surface.

Dans le désordre

Souvenir souvenir
des mots à se rappeler,
d'abord, parce que ce sont les seuls qui viennent,
en plus, pas à la bonne place,
pas au bon moment :
" un petit pas pour l'homme
un pas de géant pour l'humanité".
Ça paraît irréaliste d'y penser
dans un contexte qui déchire si grave,
quoique,
en fait, c'est toujours cette mécanique du dernier pas
qui en entraîne un autre
et ainsi de suite,
à l'automatique :
l'intérieur en traversée non programmée,
de la lune tout là haut dans le ciel
jusqu'à la face cachée de nos illusions
qui sort
dans le désordre.
Morceaux quasi impossibles à recoller.
Avec beaucoup de motivation,
un simple grand vide
qui a à voir avec la transparence de la vérité.

jeudi 16 avril 2020

Façon escaliers du Vatican


Entre nous entre gens
on se raconte des histoires,
d'un côté ou de l'autre,
des vies à se partager
manière de négocier l'obscur,
même pas d'y croire.
Tout autour en double accès,
monter ou descendre en marche
chacun tourne en  boucle.
Rien que des visages qui s'enchevetrent
sans jamais se retourner,
toujours les mêmes.

Trop tard


Vies minuscules,
viennent encore trop grandes,
maintenant la vérité s'inscrit sur nous,
sans effets spéciaux :
la part d'inconnu de celui à qui on s'est vendu
nous revient,
sans rien laisser,
même ce qu'on ne connaît pas encore.
Lui,
à visage découvert.

mercredi 15 avril 2020

Être ou ne pas être


Le temps est au virtuel,
les hommes jouent à la réalité,
l'augmentent ou l'effacent à tour de rôle,
et les morts ici ne comptent plus,
ou pour des points seulement.
Pourtant dans la mémoire profonde,
le passé se rejoue au présent
avec notre propre sang,
se diluant dans les jours,
jusqu'à l'ultime confrontation.
Être ou ne pas être...
Seulement  des visages qui se transforment,
nos ombres à part prenant une pause,
comme une sauvegarde pour elles.

samedi 11 avril 2020

Ou sinon prendre l'échelle du temps


Ou sinon prendre l'échelle du temps,
la déplier,
une projection vesperale,
celle qui fait survivre,
au moment
où la vie qu'on suit nous dépasse,
des signes dans le ciel,
jaillissements/apparitions
venant d'étoiles,
racontant la même vie d'inconnu
comme si celle-ci existait en nous depuis toujours,
survivante à l'enfermement des jours,
l'avant et l'après
sur une ligne unique,
au loin libérés.

Course de vitesse


Dans la course au global,
après nous avoir ramassé,
lui est en tête,
tape où ça fait mal,
la mort en prime pour les suiveurs.
Impossible de le rattraper
sans jouer vraiment franc jeu :
la communication ne sert à rien,
les mots n'ont pas de prise sur sa vérité.
Inutile non plus
de crier si fort sauver nos âmes :
personne n'y croit,
nous sommes seuls.

Nouvelles conditions


Improviser ou avancer en reculant :
difficile d'apprécier l'échelle de l'ordinaire.
Manque de vision ou aveuglement,
s'orienter dans le profond de l'histoire est le plus difficile,
sauf que là en plus,
la mort est sortie de l'écran,
figée comme un calcul de probabilités,
pour un temps encore,
qui circonscrit le malheur chez les autres.
D'office à titre préventif
chacun n'a qu'un masque unique
à appliquer sur son visage :
modèle standard
l'empreinte de la vie
qu'on se fabrique en solitaire,
au quotidien gravée dans le dur,
jusqu'à tromper la réalité même.

lundi 6 avril 2020

Mode rééducation


Ici pas de camp à choisir,
tout est déjà écrit
en grosses lettres qui endorment.
Inutile de regarder sur les côtés
le sillon est tout tracé,
à minima mettre un peu de distance,
circuler
ne pas rester sur place svp,
c'est tout.
Tu peux toujours chercher dans les contre-indications,
tu trouveras de suite l'épreuve éliminatoire
qui reste à jouer
obligatoire
perdue d'avance
seul face au monde :
que des complications.

Science-fiction


L'anticipation nous rattrape,
trop précoce pour la comprendre.

Passé sorti des livres,
science-fiction qui nous revit, fait naissance.
Elle accompagne ce rejet inné
au milieu du trop de tout.
Certainement un virus au milieu de la génération ;
il apparaît comme un phantasme collectif
de vouloir simplement vivre
au loin de tout
au large
face à la vie.
Oui !
Qui a à voir avec les cigognes
quand elles passent tout en haut
dans le silence
suivant le mouvement de la vie...
Aussi quand à la fin d'un grand livre,
une mort éternelle
enfouie,
se referme au moment où on la découvre...
Au hasard de la vie
en nous.

Rallonge


C'est dans l'air,
c'est le temps à la fois d'expier et de détruire,
au choix dans une sélection.
Nouveau mode de fonctionnement
version à sens unique :
retour en arrière feu à volonté
non pas dans le tas,
mais là
où il n'y a plus de survivant déjà.
Oui c'est plus facile après
pour faire face aux changements du temps qui passe,
son propre avenir...

dimanche 5 avril 2020

Etat des lieux


Tu parles à toi-même,
espace labyrinthe
où se perdre dans l'homme.
Ici pleins et vides se succèdent,
jouent avec l'entendement :
tu longes tu côtoies tu tatonnes
tu confonds tu découvres...
Rien de solide où planter un clou,
tout et son contraire
et sans limite en même temps,
jusqu'aux extrêmes qui se touchent.

Matière vivante qui te dit.

Manuel de survie


Pour l'homme-toi
ce n'est plus un combat d'arrière-garde,
il s'agit de survie maintenant.
Fuir, se cacher déjà trop tard ;
se battre
confrontation irréversible
pour gagner le droit de rejouer comme avant
et pas autrement.
Si c'est encore possible.

La fin de l'Histoire


Merci Monsieur Fukuyama
pour votre livre,
c'était bien essayé quand même,
mais aujourd'hui est trop loin
il est temps de relire les classiques,
par exemple,
la tragédie grecque dans sa simplicité :
les dieux dans l'ombre
à punir les hommes
pour leur démesure,
renvoyant leur éternité à plus tard.

Constat


Phase initiale à retardement
sans mise dans l'ambiance préalable,
maintenant de suite
gigantesque machinerie
que nul ne peut maîtriser.
Impitoyable
elle nous entraîne sur son passage ;
sans même étonner personne
l'inéluctable avance avec elle,
à sentir son poids sur nous
jusqu'à la fin.

C'est dans l'ombre de son mouvement
qu'on peut percevoir la réalité toute simple :
pas après pas,
le quotidien qui conspire contre la vie des hommes,
maintenant tout proche,
en direct sur les écrans
pour nous faire croire.

mercredi 1 avril 2020

Mathématique

Mathématique
même pour celui qui a arrêté de compter
au jour le jour
pour gagner du temps :
le moment
où la position atteinte touche à l'inexistant,
niveau zéro de la présence,
même de se reconnaître.
Résultat factice,
un numéro sans visage au bas d'une liste
qu'un simple trait rouge anonyme
peut barrer
sans préavis ou involontairement :
tout est permis.
De la ressource.

A toute vitesse


C'est parti
vitesse tgv
déraillement en direct
ce nous
devenus sous-hommes
encore temporairement vivants
et qui n'ont plus qu'eux à vendre
rattrapés
proches de la disparition
comme on dit
même pas prêts à mouiller le tricot
lui qui n'existe plus déjà
dénudés aussi de la vue
d'avoir trop rêvé
maintenant conformes
pour laisser la place
soumis à la loi
de la nouvelle humanité.