lundi 30 mars 2020

Beau travail

Impossible de demander une trêve,
notre trente milliampère n'a servi à rien,
ni le traitement contre les termites
et les capricornes,
encore moins le détecteur de fumée
et l'alcootest dans la boîte à gants,
même le sel ne sale plus ;
reste la javel et le paracetamol
à doses homéopathiques svp.
En cas de panne, port du gilet jaune obligatoire.
Inutile d'appeler pour un rendez vous
il n'y a pas d'abonné
au numéro que vous demandez .

Mauvais signaux qui tracent des doutes rédhibitoires,
tout est vrai comme une loi des séries,
comme nos dix plaies d'Egypte à nous.

"Ne tirez pas j'me rends".

Savoir vivre


A ce stade
pas besoin de travailler
l'acceptation,
elle est comprise dans le kit de survie,
d'ailleurs
c'est le seul élément valide à l'intérieur.
Alors dès le premier symptôme
intégrer qu'il faut tout vivre
prêt à passer sans préavis du
rien à signaler
au
on est en rupture,
il est trop tard,
c'est indisponible,
il est périmé,
c'est interdit à la vente,
on les a en commande,
...
Bonne journée.

Résigné


Ici on ne s'appartient plus,
pieds et poings liés
nos sens restent sans voix.
Et pourtant tout reste à dire
et à faire :
d'abord, se transcender,
par personne interposée
trouver son propre héros
l'applaudir ce soir à 8 heures,
et demain matin,
aller ramasser des salades.
Beau travail !
Toujours gagner du temps.
Et puis du moment que c'est pour notre bien

dimanche 29 mars 2020

Déjà du passé


En fait nous n'étions qu'un modèle
bon pour faire semblant mais cher,
un peu prétentieux mais noble.
De ces errements antérieurs
il nous reste la communication/comédie :
aller à l'abattoir
comme on va au spectacle,
à la française,
façon "tout est perdu fors l'honneur".
Reste le prix à payer pour ça avant de sortir.

Opération en cours


Opération en cours
à coeur ouvert,
d'ici tu sens la douleur de l'amputation,
un morceau ou une vie de plus
que l'homme s'enlève,
la notre à chacun,
le mythe du tout éternel qui s'arrache de lui-même.
Infection généralisée,
s'effacer
jusqu'à disparition du stock,
au moins une partie
comme un tribut à payer
pour passer,
ou un allègement nécessaire à notre folie.

C'est arrivé  après la perte des derniers repères :
limites dépassées
aller au-delà du sens était impossible.

Fin de cycle


Fin de cycle,
la longue durée atteint ses limites
en même temps te rattrape
et t'emporte avec elle,
sans commentaire
perdu dans la masse du tout et son contraire,
du sans foi ni loi,
jusqu'au dura lex sed lex
plus que plus loin
la loi de la vie tout court.
Exode de soi-même :
façon prophète
ouvrir le passage.



samedi 28 mars 2020

Régime sanatorium


Dans la maison
on s'accroche à la nuit
et au jour aussi,
pour s'échapper.

Dans la chambre
la couette fait comme une montagne
où l'on vient soigner la maladie du dehors,
comme par magie,
le régime sanatorium qu'on y vit.
Exil volontaire,
sans échappatoire possible,
un huis clos,
entre deux,
avec soi-même.

Le basique


Notre fond commun remonte à la surface
de partout :
dénuement/solution
besoin de rien besoin de tout,
ici façon repli stratégique,
et hygiénique aussi un peu,
jusqu'au refus de se toucher .
Pour la forme
refermer le quotidien sur lui-même,
placement d'office dans le statut de confiné,
certainement accompagné d'une mise à la diète.
En attendant des jours meilleurs
on efface tout
et on recommence comme avant
mais en mieux,
c'est promis.

C'est comme une entaille


C'est comme une entaille
dans laquelle ton époque s'en va,
obligé de plonger la tête la première
tu disparais avec elle.
Inscrit dans l'adn
il y a ce sauver soi-même :
survivre à l'apnée prolongée,
passer par la souffrance
pour en terminer :
la saturation avant l'éclatement de la bulle.

vendredi 27 mars 2020

Réclusion


Maintenant
il faut tout réapprendre
sans les raccourcis
sans exception.
Extérieurement
ce sont les derniers mètres du continu,
l'inertie finit de te tenir,
le temps de comprendre le mot révolu.
Séparé de tes références
au bord du vide le vertige est fort,
l'enveloppe reste à nu,
fragile.
Autour est devenue une dimension inconnue,
grande comme une nuit sans fin,
spatiale et souterraine
sans forme et intouchable
sous peine de mourir.
L'unique repère est ce long silence
à traverser,
que nul ne peut interrompre
même avec tout notre bruit.

Hors de contrôle


Grandeur et servitude de l'être humain
c'est de suite
quand chacun se retrouve seul
avec son cas zéro
revenu d'une vie antérieure
et qui ne peut être ni repris
ni échangé,
à vivre jusqu'au bout.

Hors de contrôle
il nous précède partout.
Inutile d'enclencher la reconnaissance  faciale,
il reste invisible.
Le monde est trop petit,
la fuite est impossible.
Même pas acteur
même pas figurant
il devient le provisoire
qui nous repousse dans les cordes,
le temps d'avance qu'il a sur nous.
Reste à le travailler d'impressions fausses,
lui enlever son effet loupe ;
à mi-chemin entre la mise en scène et la vérité
improviser un modèle pour faire semblant,
toujours jouer avec le double jeu,
une part de négatif, une part de positif.
Etre réactif :
garder l'effet surprise,
croire au renversement de situation,
l'embellie au bout de la ligne droite...
Ou d'être vaincu
d'être plus rien.

C'est dans l'air


C'est dans l'air
dehors
les images tournent en boucle
deviennent virales
le temps pour les mots
de les incuber,
que la maladie s'incruste dans l'imaginaire
jusqu'à obstruer les voies respiratoires
pour certains de devenir des exemplaires intouchables,
pour les autres
sans rupture
dans la fuite en avant
d'aller faire des courses.

Un interlude
comme un autre monde
à traverser très vite
de peur d'y rester.
Une histoire
à laquelle on a du mal à croire.
C'était le 2 mars.


jeudi 26 mars 2020

Effet miroir


Plus rien pour se dédoubler, 
devant le miroir
les masques sont tombés
parce qu'il n'y en a plus.
Maintenant la conscience apparaît à nu
comme par miracle
ultime protection pour le système humain,
pour qu'il se couvre,
une main devant
une main derrière
chacun sa vérité en avant.

Le regard derrière la fenêtre
à attendre le jour d'après. 

En devenir


Le virtuel s' agrippe aux paroles
tel une puissance encore possible ;
après il lui restera les prières,
et puis, plus loin,  le désert à traverser
avec sa grande solitude au milieu
pour exister enfin.

Identité de remplacement


Reste l'adrénaline
pour traverser tout ce temps
en une seule fois,
avec le vide au milieu
pour lui échapper
si c'est encore possible
en fermant les yeux.

mercredi 25 mars 2020

Raconteur d'histoires


Les mots, les phrases ne s' alignent plus,
ou par temps clair
les images racontent encore de drôles d'histoires.
En fait,
c'est la fin d'un monde qui s' auto-décrit :
les masques tombent parce qu'ils ne sont plus à la bonne taille,
ou qu'il n'y a plus rien derrière pour les tenir ;
seul s'accroche le mauvais métier de raconteur d'histoires
manière de sauver quelques parcelles de gloire
ici ou là
sans complexe, sans limite,
même pas la distance entre le jour et la nuit,
plus loin encore entre la vie et la mort,
prêt à vendre l'invendable.

lundi 23 mars 2020

J'accuse vient je m'accuse


Imagination à débordement,
réalité version complotiste,
peut-être,
à trop fouiller dans les archives
remonter le passé
donner à la lumière du jour d'ici
l'éclaire différemment,
là où ça fait mal
tu somatises,
l'extrême si proche
qu'Il te touche.

Guérisseur


Aujourd'hui dans les journaux
les mots cherchent une lisibilité
ou peut-être, pas  toujours franc-jeu,
à se rassurer eux-mêmes sur leur avenir.
Dans leur réchauffé les news c'est l'autre,
avec sa blouse blanche
et son air de vieux Jésus,
le physique et l'emploi parfaits
pour le rôle du guérisseur-exorciste.

L'époque est aux  prophètes,
Il faut croire.


vendredi 20 mars 2020

Rajout

Un trait d'épaisseur de trop
et toi
ton regard s'est déréglé,
d'origine il a déraillé
sorti de la version papier à musique
qui l'enfermait.
Alors voilà !

Somnambules

Des mots se déplacent dans la nuit,
certainement des mots-somnambules.
Ils en ont la physionomie,
cette façon de traverser l'obscur
de glisser le long des murs,
cette forme la plus simple de dire
leur évite d'aller jusqu'à se déformer.

Et puis retournent se coucher
contre ce corps au souffle régulier.

Aubaine


Impossible de suivre le sens de la marche
les parois de l'extérieur sont trop lisses
la réalité n'arrive pas à accrocher
même sur la route de l'oubli
où tu déblayais des choses.
Acte manqué réussi,

tu dévisses
dans le trou que tu creusais,
ce côté obscur de l'histoire
couché face contre terre,
maintenant d'ici tu fais semblant de ne rien voir,
tu peux même faire le mort :
une position beaucoup plus confortable
qu' en surface.

Réactualisation


Système bloqué,
dans un sens comme dans l'autre
la vitesse de déroulement des images est devenue trop rapide,
effet nuit blanche,
tu n'arrives plus à accommoder,
incapable de suivre.
Pourtant l'histoire se réécrit en boucle,
toujours la même,
façon éternel retour :
les expression humaines défilent
figées,
c'est limite mais ça passe encore pour le regard,
le problème c'est les illusions,
pressées d'en finir
elles disparaissent trop vite :
un contre-la-montre perdu d'avance...
A quelques minutes près,
c'est déjà aujourd'hui
la ligne directrice fait son va-et-vient,
elle fait de son mieux, elle cherche.
Pour toi pas de problème
ça matche toujours :
ici le quotidien existe encore à date fixe.


dimanche 1 mars 2020

Elucubration


Trop éphémère pour une impression écran :
une bulle que tu croyais de suite.
Petite musique intérieure
à vouloir n'en faire qu'à sa tête
sans  écouter au fond.
Signe avant-coureur
d'une histoire incomplète,
qui n'existera jamais.
Impossible de la passer de l'autre côté
telle quelle.
Configurée demi-monde
elle restera dans la pénombre.
Laisse-lui le droit de n'appartenir à personne.

Version du jour

C'est fait,
au petit jour
les dernières vagues sont mortes d'épuisement,
le corps vient à la surface ;
translation d'hier à maintenant,
un pont  à titre provisoire, 
l'intérieur s'essaie pour quelques mètres,
ultime mise au point avant de disparaître,
les mots viennent à la relecture
pour dire que tout va bien.
A côté
ton ombre se remet dans le sens de la marche,
retrouve sa figuration,
décalage rattrapé,
le jeu presque rendu imperceptible
entre la version autiste
et la réalité vraie.
Bien que...
Jamais immunisé complètement,
sous le poids du quotidien
risque de rechute obligatoire
qui peut virer à la fausse route.

Pour l'instant
le corps est comme une simple mise en forme du temps
ses pas se confondent bien avec l'extérieur,
tout reste une histoire de décor à mettre en place.