dimanche 21 juin 2020

Voyage au bout de la nuit 2


De rappel en rappel
la mémoire creuse en continu,
voyage interminable
au regard des mots accrochés
aux pages du livre :
des bouts de vie noircis par le temps
que le travail d'imagination fait revenir à la surface,
toute une part de ténèbres
qui habite là
et que tu fais vite d'écarter du revers de la main.

Voyage au bout de la nuit 1


C'est là-bas, en toi,
d'avoir vécu
n'enlève rien
même pas les années.
Maintenant ses mots sont aussi comme un revivre
qui se donne enfin jusqu'au bout de la nuit
et que tu lis
sans remords
malgré tout ce temps de retard.

Le temps de vivre


Café bouillu café foutu,
même Colbert ça le fait plus,
il a passé trop de temps,
son histoire est trop réchauffée
il est imbuvable maintenant.
Trouvons autre chose
comme une histoire d'hommes
d'aujourd'hui
toute simple
normale...

Statu quo


Consternés
par ce bientôt presque déjà
condamnés,
nous sommes là plantés
seuls avec nos présences
les deux pieds pris dans des semelles de plomb,
même pas petits soldats,
à attendre la prochaine fois
notre tour sans pouvoir bouger.

Vies programmées,
au moins avoir sa mort à soi.

Iconoclaste mais pas trop

Rebonjour,
c'est aujourd'hui,
à visage découvert
on se renie,
jusqu'à réveiller les morts,
réécrire leur histoire ;
désormais l'enfer et  le paradis ne protègent plus personne :
les arriérés remontent à la surface,
il faut payer les traites en cours
et les absents ont toujours tort n'est ce pas ?
Encore plus quand ils sont déjà morts.

Quand même dans l'éternité où ils se trouvent
ils nont plus rien à perdre,
c'est plutôt facile.

Survivre


D'un mouvement l'autre
tu te diriges droit dans le décor,
d'un monde sans issue.
L'évolution fait l'homme oui !
Le rend modèle réduit :
éternel refaire,
quand même, lui accorder la présomption d'innocence.
Maintenant parmi les furtifs
jusqu'à sortir des apparences
tu te confonds directement sur la toile de fond,
le trompe l'oeil de la réalité s'éloigne de plus en plus.
Certainement pas par lâcher-prise,
plutôt l'imagination qui continue son chemin de vivre.

Régression


Après les masques
il aurait dû quand même rester un bout de foi
en quelque chose
à se mettre sur nos visages.
Malheureusement
d'autres maux ont pris le sens du vent :
une course de vitesse
pour atteindre le point de non retour,
trajectoire à l'aveugle
en sens inverse
pour rejoindre l'inarticulé le cri,
d'abord à travers  l'hystérie
la force obscure de nous qui nous déforme.

Autoimmunisation


Écrits trop vite,
nouveau scénario se calque sur le dehors,
tout ce que tu sens sur les lèvres des autres
dit en silence :
régression/récession
aliénation/victimisation
soumission/purification...
Normalisation,
mise en mots, l'incompréhension,
c'est ça aussi la vie.

mardi 16 juin 2020

Beurk !


Le racontage continue
avec ses mots venus d'ailleurs,
directement du système prémâché,
à en avoir la bouche trop pleine.
Là-bas ou ici,
l'homme de maintenant en a marre
d'être un objet qui doit régurgiter tout le temps,
jusqu'à faire beurk !

dimanche 7 juin 2020

Un autre mal


A peine réchappé du morbide
c'est parti pour la relance.
Faire réagir la continuité,
état couru d'avance,
mais qui ne suffit pas :
tout va trop vite,
même pas le temps de respirer
ou par soubresauts seulement,
de ceux qui suffisent pour étouffer l'homme en nous.
Nouvelle séquence qui nous dévoile toujours plus,
le quotidien en porte les stigmates,
ce mal de nous qu'il faut expier maintenant,
comme si l'homme tout court ne comptait plus,
que divisé par lui-même.

Il faut réussir


Il faut réussir le déconfinement,
jusqu'à  étouffer cette histoire.
Tout doit disparaître dans une surdimension,
les miasmes digérés,
place nette pour la mémoire,
les connexions dans le cerveau de nouveau raccordées
au froid d'objets sans âme.
Continuer cette vie comme un QCM,
program and control...
Un instant de confusion encore ?
Passager.
Jusqu'où aller plus loin ?
Passez directement  à la question suivante,
ne vous inquiétez pas
ça va aller.

Service après vente


C'était pour une intervention d'urgence,
pour de suite.
Il y a eu une vraie fausse alerte,
plus proche et plus mortelle que les précédentes.
Maintenant c'est fait, elle nous a remis en place,
on sent comme une odeur de rémission
qui monte dans l'air
en prise directe sur la résignation.
Et tout ça rien que pour renforcer
le système immunitaire qui nous observe.
Une autre façon d'affirmer :
" Mets toi là tu comptes pour du beurre ! "

Eh toi !


C'est fini maintenant
avec ton c'était mieux avant.
Continues à jouer tes nocturnes
si tu veux,
il n'y a pas de grâce à gagner par ici.

Voilà ! C'est l'essentiel,


le virus nous a presque ramené au point de départ,
au bord de la rechute
prêts à tomber malade encore et encore.
Il ne nous reste qu'à acheter des choses,
traitement vital obligatoire sur le long terme,
et plus c'est cher meilleur sera le résultat.
Au hasard est-il possible de recevoir une bonne nouvelle
à titre gracieux ?
C'est possible, encore que,
même les rares sourires,
on ne les voit plus cachés derrière les masques.

lundi 1 juin 2020

Groggy


Le fil vient moins bien,
la fiction s'essouffle.

Après la déconnexion,
raccorder l'avant et l'après
à coup de on vous dit tout
n'est pas si facile.
Bientôt il faudra quand même démonter les échafaudages,
que ça tienne tout seul, sans tituber,
et dans ta tête aussi.
Pour l'instant,
groggy dans le chaud de l'action
tu te sens un peu bête
d'avoir marché dans la combine
les deux pieds dedans.
Désormais il te faut suivre
même sans avoir rien compris,
comme si le bateau sur lequel tu navigues
était ivre.

Une brève histoire de nous


On n'en finit jamais de réécrire
la même histoire.
Aujourd'hui,
les rôles sont bien gravés dans la matrice,
du traitre au héros
jusqu'aux suiveurs,
autres nous, sans grade.
On prend les mêmes et on recommence.
Inutile de rebattre les cartes,
les héros sont déjà morts,
volontaires désignés d'office pour payer le prix fort.
En arrière il y a le tout venant,
ceux-là fondus dans la masse,
tout un système de proportions qui nous égalise,
tu t'y reconnais.
Quant aux images du traitre et du sauveur,
elles tardent à se dessiner,
elles se confondent encore
dans ce combat entre l'ombre et la lumière,
pâle reflet de notre fond commun.
La vérité tranchera pour nous...
Vae victis.

Retour vers le futur,


mais pas de suite.
Maintenant, tout autour,
ce sont les temps du passé qui chantent la romance,
éternel refrain
que tu te rappelles à fredonner
le temps des cerises revient,
illusion verticale
remplie d'amour et d'eau fraiche.
Demain,
est un autre jour.